La législation sur la conservation des données de communication oblige vos fournisseurs d’accès en téléphonie et en internet à stocker vos données pendant une durée déterminée. Ces données pourront être utilisées contre vous par les forces de police. Vous n’y croyez pas ? Tracks a rencontré deux victimes de la surveillance policière.
En Europe, la surveillance se généralise. Depuis le premier janvier, tous les citoyens allemands sont des suspects potentiels. En France, c’est le cas depuis plusieurs années. Avec sa nouvelle loi sur le stockage des données de communication, le gouvernement allemand oblige les fournisseurs d’accès à conserver six mois durant la trace de toutes les communications électroniques. En France, ce délai est de un an. Vos coups de fil, vos e-mails, tout est stocké. Théoriquement, ces données doivent servir à la lutte contre la criminalité et, avec l’accord d’un juge d’instruction, elles sont susceptibles d’être transmises à la police.
Et il vaut mieux être prudent car voici ce qui peut arriver : Depuis un an, Andrej Holm, un sociologue de 37 ans, est surveillé jour et nuit par la police. Son crime ? Avoir utilisé dans ses textes des mots comme « gentrification » et « précarisation », deux termes pourtant incontournables quand on travaille sur la pauvreté. Malheureusement pour Andrej, le groupuscule « Groupe Militant », suspecté d’appartenance aux milieux terroristes, utilise lui aussi ces deux termes dans ces manifestes. Cela a suffi au procureur général pour considérer qu’Andrej était potentiellement l’un des cerveaux de ce groupuscule et pour justifier une surveillance 24 heures sur 24. Fin juillet 2007, les soupçons contre Andrej de proximité avec le milieu terroriste se renforcent. Un jeune homme est arrêté près de Berlin. La police croit savoir qu’il est membre de la cellule « Groupe Militant » et qu’il aurait rencontré Andrej à deux reprises. La surveillance discrète se transforme en intrusion directe dans la vie de famille. Un matin, à l’aube, Andrej, sa compagne Anne et leurs deux enfants sont réveillés par la police. Andrej est arrêté. En Allemagne, quand il s’agit d’enquêter sur des milieux terroristes supposés, tout est désormais permis. Andrej est sous le coup d’une procédure judiciaire qui s’appuie sur les lois antiterroristes votées dans les années 70 pour lutter contre la Fraction Armée Rouge. Au nom de la sécurité intérieure, un simple soupçon suffit désormais à justifier l’ouverture d’une instruction.
Depuis un an, ces deux jeunes gens font, eux aussi, l’objet d’une enquête secrète. Jens et Flo constituent le groupe « Mono für Alle! – Mono pour tous » , dans un petit village, près de Gießen. Eux ne sont pas soupçonnés de terrorisme, mais la DST allemande les a placé sous surveillance pour incitations à violence, notamment à cause d’une chanson, qui décrit de manière plus que complaisante les fusillades perpétrées par certaines personnes lors d’une crise de folie. Un texte très tendancieux. En revanche, il est regrettable que personne ne se soit donné la peine de parler aux deux musiciens. Au lieu de ça, les enquêteurs ont interrogé les parents, appelé des organisateurs de concerts et laissé des messages devant la porte de leur domicile. Les enquêteurs continuent à chercher des éléments de preuves pour appuyer une action en justice contre « Mono für Alle ». Même si les textes de Mono für Alle sont controversés, ça ne justifie pas une enquête de la DST.
Mais la vraie question est ailleurs. Dans une société où la surveillance généralisée est autorisée et où la sphère privée n’est plus protégée, comment les mentalités vont-elles évoluer ? Rainer, militant pour la protection des données, tente un pronostic.
Rainer de „Stoppt die Vorratsdatenspeicherung“: « Le problème, avec le stockage des données de connexion, c’est que les gens se sentent surveillés en permanence. Et partant de là, peu importe qu’ils le soient effectivement puisqu’ils se comportent comme s’ils étaient surveillés. On en arrive à une situation de porte-à-faux : les gens remettent en question leur façon de se comporter. Ils se demandent si leur comportement est conforme à la norme, s’ils risquent de se faire remarquer et si ça peut avoir des conséquences négatives pour eux. Et du coup, il y a une sorte d’autocensure qui se met en place.
http://www.dailymotion.com/swf/video/x49n6d?additionalInfos=0
Title_01_06
envoyé par 01-02-08. – Plus de vidéos campus.